bandeau site aeppf 25 11 2019

Souvenirs de Monsieur Jacques VIARDOTBtn retour par  L. Chanudet et M. Joumarin

 

Ces souvenirs et propos ont été recueillis auprès d’un ancien personnage de Franconville, Mr Viardot Jacques né le 10 avril 1921, nous l’en remercions.

 

boutique ViardotMr Georges Viardot, issu d’une famille de tailleurs de pierres depuis cinq générations, reprend l’entreprise de marbrerie de Mr Rigault en 1926, il la dirigera jusqu’à son décès en 1951. Son épouse Marguerite Viardot en prendra la direction jusqu’en 1960. Leur fils Jacques arrive à Franconville à l’âge de cinq ans en 1926. Après sa scolarité à l’école Ferdinand Buisson, il sera marbrier.

Jacques travaille avec son père et en 1950 s’installe à Pierrelaye comme marbrier. En 1960 il prend la succession de la marbrerie de Franconville à la suite de sa mère. Il prend sa retraite en 1986 et son fils Jean-Jacques lui succédera dans cette entreprise familiale.

Cette marbrerie est située rue du Chemin Neuf, face aux deux portes du cimetière aujourd’hui condamnées. Ce chemin qui vient de Cormeilles pour rejoindre la rue de Paris au carrefour de la Croix Rouge, avait très peu de passage, quelques charrettes tirées par des chevaux.

Le cimetière de Franconville se situait à l’origine, près de l’église Sainte Magdeleine. En 1811 il dut être transféré rue du chemin neuf. L’entrée se faisait par ce chemin face à la marbrerie. La première partie créée longeait le chemin des plâtrières, un agrandissement le fit longer le chemin de la Croix Rouge. En 1957 il s’étendra vers le chemin de l’Ermitage avec ses entrées sur le chemin de la Croix Rouge. On y trouve le monument commémoratif de la guerre 1914-1918 « Morts pour la France » inauguré le 15 octobre 1921.

Avant la rénovation de la ville, le cimetière était entouré de vergers, principalement de cerisiers, pêchers et autres arbres fruitiers. Un petit chemin longeait la marbrerie et se perdait dans la colline, il menait à la source du Clos Bertin qui offrait une eau fraîche et agréable. Les personnes venant se recueillir sur la sépulture de leur famille, se rencontraient et conversaient dans l’enceinte du cimetière. Jacques se souvient de Marie Girardot venant à pied du quartier de la gare accompagnée parfois de ses petits enfants dont Annie, future célèbre actrice de cinéma, ils pénétraient dans le petit bureau pour faire une pause, c’était une autre manière de vivre.

Le travail de marbrier de cette époque était, «un véritable travail de bagnard». Les blocs de pierre destinés auxProfes marbrier monuments funéraires provenaient du département de l’Yonne. Le taillage des blocs se réalisait avec de longues scies nommées « passe-partout » actionnées par un homme à chacune des extrémités. Les pierres taillées étaient acheminées de la marbrerie au cimetière sur des rondins de bois après avoir traversé le chemin caillouteux parfois boueux. Le salaire du compagnon était calculé au mètre linéaire « tant du mètre ». Georges Viardot construisit dans les années 1930 les deux dernières chapelles du cimetière pour les familles « Caillaux-Bouchaud » et « Rigault-Bertaux ». Les deux autres existantes furent bâties par Mr Boiteux. Afin de manier les pierres tombales et de les ajuster au-dessus des caveaux ou des fosses en terre, il se servait d’un palan rudimentaire nommé « chèvre ». Par la présence des sources dans la colline, en creusant les fosses, il devait souvent pomper afin d’évacuer la boue et l’eau présentes à moins d’un demi mètre « à une hauteur de fer de bêche ». A compter du début des années 50, les machines de taille ont remplacé les scies et les moyens de manutention mieux adaptés ont aidé l’ouvrier.

Avant la loi de 1905 concernant la séparation de l’église et de l’état, les églises avaient en charge l’organisation des obsèques. Après cette date, certaines communes délèguent à des entreprises privées l’exclusivité des obsèques et d’autres conservent leur monopole de régie municipale. Avant les années cinquante la marbrerie participe aux obsèques. Le corbillard remisé boulevard Maurice Bertaux dans le centre ville le sera plus tard à la mairie. Georges aidé de Jacques avec d’autres habitants du village ornaient le corbillard pour les obsèques suivant la classe choisie par la famille. Des agents municipaux menaient les chevaux, les plus noirs de préférence, appartenant à des cultivateurs. Les porteurs étaient des volontaires, personnes qui souhaitaient recevoir «une petite pièce». Jacques, du fait de sa force et de sa jeunesse, a souvent été enrôlé par son père Georges pour cette fonction. Le travail était dur pour soutenir le cercueil dans les petits escaliers étroit lors du transport de celui-ci

La coutume voulait qu’après la cérémonie d’inhumation au cimetière, toutes les personnes présentes descendaient à pied à l’auberge de la Maison Rouge, ancien relais des postes situé à la limite de Sannois. Jean-Jacques, petit fils de Georges, se souvient d’une coutume : les vieilles familles franconvilloises organisaient un grand banquet, après les funérailles, dans cette auberge, jusqu’en 1956. En 1959, les chevaux laisseront place à des véhicules automobiles. La ville donnera l’exclusivité des opérations funéraires à une société privée d’Ermont de 1960 à 1998. En 1993 les monopoles seront supprimés par la loi. L’entreprise de Mr Viardot intégrera l’activité des Pompes Funèbres en février 1999. A ce jour, l’entreprise reste familiale et est gérée par l’arrière petite fille avec son époux de Monsieur Georges Viardot.