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Petite histoire du « DO MI SI LA DO RÉ »Btn retour

HarmonieL’histoire des sociétés musicales à Franconville est une histoire d’hommes et de femmes qui se sont réunis autour d’un art, afin de participer à leur échelle, aux temps forts de la commune. Il s’agissait pour eux d’animer les moments parfois solennels, souvent festifs, toujours avec le sens de l’engagement.

L’histoire des sociétés musicales à Franconville, c’est aussi l’histoire de lieux de répétitions, sans lesquels ces réunions vibrantes n’auraient pu être possibles. Les quelques lignes qui suivent sont dédiées à l’un d’entre eux : le Do Mi Si La Do Ré.

Cette petite maison, située au numéro 41 du boulevard Maurice Berteaux, était intimement liée à la première « Harmonie de Franconville », qui suivait les pas de ses consœurs précédentes (L’Orphéon, L’Amicale, La Fanfare, L’Étendard, L’Union Musicale…). Officiellement créée le 15/12/1913, L’Harmonie dût rapidement mettre une pause à ses activités en raison de la Première Guerre Mondiale commençante.

Il fallut attendre 1918 et la fin de la Grande Guerre pour que Mr Neuilly la sorte de son sommeil, aidé de Martin Guyon (lequel reçu neuf ans plus tard du Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts la médaille d'honneur des sociétés musicales et chorales). En 1919, ce dernier demanda à la municipalité une mise à disposition du préau de l'école des garçons pour répéter et y donner des cours de solfège ; puis de l’ancienne salle des fêtes.

La Municipalité apporta son soutien à de nombreuses reprises, notamment en engageant les dépenses des instruments nécessaires à la bonne conduite de l’Harmonie, en autorisant divers concerts publics et même en attribuant 100 Frs chaque fois qu’elle prendrait part à une fête officielle. Malgré tout, elle reprit en 1929 la salle des fêtes dans laquelle l’Harmonie tenait ses répétitions sans aucune autre solution de remplacement.

C’est la raison pour laquelle le 23 janvier 1930, Louis Sébillon, alors conseiller municipal et président de l’Harmonie pour sa dernière année, exposa en assemblée générale extraordinaire que devant l’impossibilité de trouver dans la commune une salle propice aux répétitions, l’acquisition d’un terrain serait envisagée par les membres et exécutants dans le but d’y construire une salle. Lesquels acceptèrent unanimement cette proposition.

Ainsi, en février 1930, une parcelle de 213 m² au lieu-dit des Closeaux fut achetée à Madame Moutier, habitante d’Ermont, moyennant un prix de 4 500 Frs. Ce terrain, situé en plein centre de la commune et à proximité du boulevard Maurice Berteaux convenait en effet tout à fait au but recherché et était d’un prix abordable. À l’époque, le terrain acheté ne s’étendait toutefois pas jusqu’au boulevard, mais la parcelle intermédiaire appartenant au voisin disposait d’une servitude de passage.

La somme servant à l’achat du terrain et à la construction de la maison était constituée de dons ou de prêts consentis sous forme d’actions de 500 Frs. Parmi les contributeurs, citons notamment MM. Sébillon, Nickler, Grosdemange, Guyon, Laisné, Lignereux, Débril, Lagoutte, Morel, Chamgarnier, Thauvenin, Lebrun, Coraleau, Melta…

En moins de six mois fut donc édifiée la maison qui allait devenir le DO MI SI LA DO RÉ.

Lors de l’assemblée générale du 19 juin 1930, des remerciements étaient faits aux généreux donateurs, entrepreneurs et ouvriers qui avaient aidé puissamment pour l’édification de la maison de l’harmonie. En particulier, était souligné le tour de force accompli par Gaston Cresson dans cette construction, qui était « en grande partie son œuvre ».

Les années passèrent puis survint la Deuxième Guerre Mondiale, l’Harmonie fut alors mise en sommeil…

En 1952, le Conseil Municipal présidé par Ferdinand Grosdemange avait décidé à l'unanimité d’acquérir auprès de la famille Desaunay la parcelle avant, d’une superficie de 106,15 m², en façade sur le boulevard Maurice Berteaux devant le bâtiment dont l'Harmonie Municipale était encore propriétaire. Hormis le prix avantageux de 90.000 Frs demandé à l’époque pour la vente de cette parcelle, le Conseil Municipal avait en effet considéré, à raison, que le bâtiment de l'Harmonie deviendrait plus tard propriété communale, et attendu qu’il ne possédait qu'une voie d'accès d’un mètre sur le boulevard, la réalisation de cette opération en donnerait une valeur plus importante.

En parallèle, le 12/03/1953, le Comité d'Entente des Anciens Combattants avait décidé de former une clique, société de tambours, clairons et trompettes, pour animer les festivités et autres cérémonies officielles. La Clique, qui allait prendre en mars 1956 le nom d’ « Entente Franconvilloise » sous la présidence de Thierry Schaeffer, répétait depuis le début de sa création dans un café, puis dans le gymnase du collège du Plein Air. Or, en octobre 1955, le directeur de musique, Raoul Lefebvre, y trouva porte close au motif qu’il y avait des enfants pensionnaires malades dans l’établissement. Ce fut le début de nombreuses demandes du président de l’Entente pour utiliser la salle de l’Harmonie, qui alla jusqu’à ne pas défiler le 8 mai 1956 pour protester de sa non mise à disposition de la salle.

Le 10 juillet 1955, sous le mandat de Georges Fournier, fut officiellement dissoute L’Harmonie de Franconville. Deux mois plus tôt, le 1er mai, les membres de l’Harmonie s’étaient réunis dans la salle de l’ancienne mairie avec pour objectif de reformer leur association musicale. Si leur appel par voie d’annonces dans la presse locale et au moyen de papillons déposés dans les boîtes aux lettres ne donnait un résultat positif, la dissolution de l’association serait alors prononcée et la salle de répétition du Boulevard Maurice Berteaux deviendrait propriété de la commune ou du Bureau d’Aide Social. Ce qui fut chose faite. En janvier 1956, le Bureau d’Aide Social refusa toutefois la dévolution du bien étant donné les réparations à faire, en particulier sur la toiture, et serait improductif de revenu. Il a préconisé que la maison revienne donc à la commune, question soumise dès lors à la sous-préfecture.

Toutefois, il était convenu avec la municipalité qu’au cas où des circonstances plus favorables permettaient à l’Harmonie de se reformer, il lui serait réservé le droit de disposer de la salle régulièrement pour assurer les répétitions. Après l’inventaire réalisé deux semaines plus tard, les instruments furent déposés à la mairie en attendant une éventuelle réutilisation.

Le 5 juillet 1956 fut créée une nouvelle société de de tambours, clairons et trompettes, déclarée le 14 août de la même année à la préfecture de Seine-et-Oise. Suite à une scission au sein de l’Entente Franconvilloise, dont le directeur Raoul Lefebvre allait reprendre son rôle dans l’association nouvellement créée, "Les Enfants de Franconville" était née et allait redonner vie à l’Harmonie municipale.

Après avoir répété pendant plusieurs années dans des lieux différents comme une ferme, ou dans la salle de l'Eden, l’ancien cinéma situé place de la République à l'angle de la rue Marie-Laurent, le café Béal (actuellement Café de l'Arrivée) prêta une salle sur cette même place. Peut-être faut-il préciser que Marcel Béal était sensible à la musique, ayant été lui-même par le passé vice-président d’une société musicale plus éphémère fondée en 1934, le « Réveil Franconvillois ».

Il fallut enfin attendre 1962 pour que l'Harmonie réintègre la maison des musiciens, juste en face de La Poste, et pour ne la quitter qu’en avril 2007 à l’occasion de la mise à disposition d’une nouvelle salle de répétition au sein de l’école de musique à la Maison Suger qui venait de faire peau neuve.

Pendant de nombreuses années sous la houlette de Mr Rigouste, et grâce au soutien de la municipalité, cette petite maison a permis à des Franconvillois de cultiver l’amitié autour de la musique populaire dans sa plus belle acception. Il y a fort à parier que chaque musicien, majorette ou danseuse, ayant fait partie de l’Harmonie a au moins une anecdote à raconter sur cette maison au sol vert et au plafond de liège.

2015, année de la destruction de la salle, permis la construction d’un immeuble d’habitations en ce même lieu. Si la valeur architecturale de la maison était toute relative, on peut la considérer comme ces petits biens qui font partie du patrimoine affectif de la ville.

Aujourd’hui, l’Harmonie « Les Enfants de Franconville » prête toujours son concours aux événements de la commune, que ce soit en formation big band ou fanfare selon les occasions. Ses répétitions ont désormais lieu au 47 rue Lucien Berger dans une autre maison communale. Certes, il n’y aura eu qu’un seul DO MI SI LA DO RÉ, mais reconnaissons que cette dernière a toutefois un SOL FA SI LA SI RÉ.

Cédric Mahé